jeudi 27 février 2014

J'ai rendez-vous tout à l'heure avec une nouvelle psy. J'angoisse à fond, je me sent très mal, je stress horriblement, j'en ai marre de tout ça, parfois j'en peux plus ça me saoule. On demande rien d'autre qu'une vie simple et heureuse et voila. Et encore je me refuse de trop me plaindre quand je pense à ceux qui ont des maladies incurables ou qui sont handicapés physique ou pire. Mais merde, qu'est ce qu'on a fait pour avoir tout ça ?
Des fois je me dis qu'il me faut peut être changer de vie, m'occuper à autre chose je ne sais pas. Marre d'être dans ce bureau, j'ai envie de campagne, de liberté et d'être dehors. Une vie plus spirituelle et proche de la nature. J'ai peur d'aller voir la psy, j'imagine un monstre, un espèce de juge des enfers qui va me condamner a me droguer pour supporter tout ça. J'ai une boule terrible dans le ventre, je me sent oppressé.
Aujourd'hui ça va.
Ca va un peu. C'est bizarre, j'ai envie de me sentir bien, d'être heureux, je sent en moi l'envie d'être heureux simplement. Mais j'ai un stress, là au fond, une angoisse, une peur indéfinissable.
Cet après midi je vais une nouvelle psy. Encore un.
Mais cette fois c'est différend. On sait ce que j'ai. Je suis bipolaire.
Ça veux dire que j'ai un trouble mental. Ça veux dire que moi qui me sent un homme fort, que rien ne peux terrasser, un vrai mec, qui a su dans sa vie déplacer des montagnes pour avancer...je suis en fait un malade mental.
Pas grave, mais troubler. Chiant en fait pour les autres, et pour moi même. Un dérangé mental.
Et ça, il faut que je l'accepte, que je l'intègre en moi si je veux que ça s'arrange.
Et ça, ce n'est pas évident à accepter. J'avoue que j'ai du mal à accepter. Sans cesse je me dis que non c'est n'importe quoi cette histoire. Et je me demande comment j'en suis arrivé là, j'aurais joué une si bonne comédie a mon dernier psy qu'il m'aurais cataloguer bipolaire ? mais non, n'importe quoi. Et finalement, quand j'y pense, ce diagnostique explique d'un coup tout ma vie. Toutes mes dérives, toutes mes lubies, mes folies des grandeurs, mes conneries les plus profonde, mes souffrances, mon instabilité, tout s'explique d'un coup. Mais aussi tout me revient d'un coup d'un seul, toute ma vie, tout rejailli en moi et c'est comme si je devais digérer rapidement un énorme plat pas toujours digeste. J'ai la nausée.
Donc je risque d'être mis sous traitement. Le dernier psy m'a parlé de lithium. Sauf que problème, a forte dose, ça peux affecter les reins. Et ça pour moi c'est aussi un problème.
Car non content d'être maintenant bipolaire, cela ne fait que s'ajouter à la liste des mes troubles. Je suis daltonien profond, myope, gaucher (non ça c'est rien), j'ai une petite scoliose, une polykistose rénale, de l'hypertension artérielle, du cholestérol (le mauvais), une jambe légèrement plus courte que l'autre (dû à la scoliose), je crois que j'oublie rien.
Donc pour le lithium, attention à la polykistose rénale, on verra bien...

Aujourd'hui ça va aussi parce que j'ai de nouveau amis. Je me suis inscrit sur un site plein de gens comme moi. L'adresse c'est : http://bipolairemd2008.forum-actif.eu/
Hier je me suis juste présenté sur le site, et ce matin j'avais plein de message réconfortant. Et ça fait du bien. On se sent moins seul. C'est comme une bouffée d’oxygène de pouvoir parler a des gens aillant le même problème, rien que ça je me sent soulagé.

Mais j'ai toujours ce stress, cette angoisse inexpliqué au fond de moi qui m'empêche de voir le soleil, qui me pourrie la vie...Et ça, j'en ai plus que marre.

mercredi 26 février 2014

Mercredi 26 février
Ce matin je me suis levé heureux. Mon fils est en vacances et j'ai pu dormir 30 mn de plus, super. Hier soir on a passé une petite soirée sympa avec ma femme. On a commandé des pizzas dans une nouvelle pizzeria qui promet sur le panneau de sa devanture de faire des pizzas Italienne au feu de bois comme chez mama. Résultat beurk, au secours, pâte en carton. Moi qui suit grand amateur de pizza et pizzaïolo a mes heures perdues, je n'ai jamais mangé pire pizza. Ma femme était super fâché contre eux et moi super zen. Oui, super zen. J'avais surtout pas envie de la voir fâché. En fait, aucune émotion précise dans mon cerveau a ce moment là. Le livreur aurait pu ne pas venir, ou nous faire le triple de la facture et nous livrer qu'une pizza sur les deux que ça ne m'aurait fait ni chaud ni froid. A ce moment précis, rien ne se passe en moi. Rien. Le néant. Je suis bien, zen, le calme absolu, aucune réaction à rien, l’encéphalogramme de la grenouille.
Ce matin, levé au son de l'appel à la prière de Yusuf Islam, anciennement Cat Stevens converti. Appel magnifique, doux et calmant. Bonne humeur, je chante sous la douche, je suis content, tout à l'heure je vais voir un essai de tomate au centre de recherche de l'Isra, il fait beau c'est magnifique.
Retour de l'Isra, je vais au bureau. Assis derrière mon bureau, d'un coup comme ça, je sent un malaise en moi. Une tristesse pointe le bout de son nez. Une sensation de mal être difficile a expliquer, une angoisse, un stress qui arrive. Pourquoi ? pour quelles raisons ? en quelques secondes j'en ai marre, je sent que je glisse, que je sombre. Je ne veux pas, je refuse, je sors du bureau, je vais m'occuper de client pour me changer les idées, je marche dans la cour pour prendre du soleil plein les yeux. Ça va mieux mais je ne sent plus la joie du matin. Je ne me sent pas formidable, fatigué, faim, ou je ne sais pas, je ne sais plus si ça va ou pas.
Un sentiment de mal être m'envahie, de honte, de culpabilité. Je me sent pas bien, je me sent sale, gros, nul.
Quelque chose ne va pas mais je ne sais pas ce que c'est. Quelque chose me fait mal mais je ne peux pas l'identifier. Peut être que je devrais sortir un peu, partir quelques jours, fuir, m'isoler. Je n'ai envie d'aller nul part. Je ne sais plus de quoi j'ai envie ou pas. Je suis incapable de savoir de quoi j'ai envie. Je ne sais pas ce qui me ferait du bien. Parfois je rêve du paradis, je me dis que j'y serais bien là bas. Qu'enfin, une fois arrivé au paradis, je serais heureux. Au paradis je ne me sentirai plus mal, je ne sentirai que de la joie, j'y retrouverai des amis et de la famille, des gens formidable. Il n'y aurait plus de souffrance, plus de douleur, plus de crise. Tous les jours seraient les mêmes, tout serait stable, et tout serait heureux. Au mon Dieu, faites qu'un jour j'aille au paradis. L'enfer, il est ici.

mardi 25 février 2014

Mardi 25 février :
Je me sent mal. J'en ai marre, je suis usé de moi même. Je me sent lourd, fatigué, encombrant pour les autres. J'ai envie de partir, de fuir, d'aller loin tout seul. J'ai envie de parler, de me confier, de vider mon sac, j'en ai besoin mais je ne sais pas auprès de qui le faire. Ma femme bien sur, je lui dit tout, mais lui parler de ça tous les jours c'est lourd à supporter. J'en ai marre de l'épuiser avec ça, j'en ai marre d'être pas bien.
Ca fait 35 ans que ça dure. 35 ans pendant lesquels je me suis toujours demandé ce qui ne tournais pas rond chez moi. Déjà enfant j'étais à l'écart, j'avais à peine un copain, paumé lui aussi bien souvent. Tout gosse j'avais déjà besoin de m'isoler, d'être seul par moment. Ma chance était d'habiter un petit village dans la campagne Française, d'environ 600 âmes, et le calme absolu régnait en maître. Un vrai bonheur dans les moments de crise. Mais aujourd'hui j'habite Dakar, capitale houleuse comme toutes les capitales dépassant les 2 millions d'habitant j'imagine. J'aime Dakar, sa circulation anarchique, sa population cosmopolite, son bruit de fond, le chant des mosquées en cœur aux heures de prières, sa folie de ville qui ne dort jamais. Mais quand je suis en crise de manie comme vendredi, où tout m'insupporte alors tout cela devient un enfer, et dans ces moments là je rêve de mon village ou je n'entendrais rien d'autre que le vent léger dans les feuilles des ormes et des chênes majestueux qui peuplaient mon jardin.
Mais avec ma tendre épouse nous allons nous trouver des champs à acheter et cultiver et un terrain pas loin du bord de mer pour se faire un nid douillet dans un village à 80 km de Dakar. Le weekend je pourrais y trouver du calme et cultiver mon jardin, chose qui me passionne et m'apaise tout particulièrement. Je m'y vois déjà, et d'y penser je sent en moi un grand bonheur venir. Ça c'est la vie que je veux, ne dépendre de personne que du temps qu'il fait, me lever le matin et aller voir mes cultures, faire mes expériences de semis, de greffe et apprendre de la nature. Etre au calme et pouvoir m'isoler facilement. Avec 5 hectares de terre on pourrais même en vivre complètement et ne faire que ça. Et je pense que c'est vers cette vie là que je vais m'orienter, une vie simple et heureuse.

lundi 24 février 2014

Week end enfermé

samedi 22 et dimanche 23 février :
Après la crise de vendredi, je me sent vidé. Je suis enfermé à la maison, je n'ai envie de rien, gout à rien. Je ne peux pas franchir le seuil de la porte pour sortir, c'est au-dessus de mes forces. J'ai peur du dehors, des gens, de tout. Je m'en veux de ne pas sortir, je voudrais sortir et me balader, sentir la chaleur du soleil sur moi, prendre l'air, mais je ne peux pas.
Je suis bloqué, quelque chose m'en empêche. Je suis dans cette phase bizarre ou plus rien n'a d'intérêt. Je suis comme un chat qui tourne en rond dans sa cage, sans savoir pourquoi, bloqué comme ça. Rien ne m'intéresse, je m'emmerde mais j'ai envie de rien. J'alterne avec des moments d'angoisse, de stress intense, tellement fort que mon pouls s'accélère tout seul, mes mains tremble, mon cœur tape fort. Puis ça se calme d'un seul coup comme ça, sans raison particulière. Et tout est triste, je m'en veux de plein de chose, mais je ne sais pas de quoi, mais j'ai un sentiment puissant de culpabilité.
J'en ai marre, ras le bol de tout ça. Dans la même heure, je passe d'une phase de dépression, à une phase d'angoisse terrible, dans la seconde qui suit je sent une lueur d'espoir avec un sentiment d'euphorie qui se profil, c'est le week end c'est cool, c'est génial. Et puis pourquoi c'est génial ? y a rien de génial, rien ne va, j'ai peur, j'angoisse, j'ai envie de rien.
Je lance un appel au secours à ma femme en lui parlant en détail de tout ça. Elle sait, elle comprend, elle voit. Elle m'encourage à me faire soigner, avant la crise de trop. J'ai du mal à accepter que je suis malade, que quelque chose ne va pas. Pas moi, pas l'homme comme moi si fort, qui s'en est toujours sortie, qui a déplacé des montagnes pour en être là aujourd'hui, qui a surmonté tant d'épreuves. Je ne peux pas accepter cette situation, je ne peux pas dire que j'ai un problème, que je suis un malade mental. Impossible.
Et pourtant il me faut me rendre à l'évidence, mais je n'y arrive pas encore, même si je suis fatigué de tout ça, et que je rêve de vivre une vie normale, stable, en paix.

Nouvelle crise

Vendredi 21 février 2014, nouvelle crise. Levé à 06h45, tout va bien. C'est le dernier jour de la semaine, et le soir le week end, tout va bien. Pas de réunion au bureau, rien de particulier en vue dans cette journée banale, tout va bien.
07h45 j'emmène mon petit garçon de 3 ans à l'école, on discute dans la voiture, il est content d'aller jouer avec ses copains, il fait beau, le soleil brille, la vie est belle...
08h30 j'arrive au bureau, rien ne va plus. Je ne supporte plus personne, je trouve que personne dans cette entreprise ne gare sa voiture comme il faut, j'ai envie d'hurler qu'ils viennent tous garer leur voiture mieux que ça. Je descend de ma voiture et je suis obligé de saluer tout ceux que je croise, j'en ai pas envie, j'ai envie de leur cracher dessus, de les insulter, leur dire merde dégage m'emmerde pas cassé vous tous. J'ai la haine contre tout et tous. Je me retiens, je me maîtrise mais ça se voit sur mon visage que je suis a bout, prêt à bondir sur le premier venu. Je m'assoie à mon bureau et allume l'ordinateur, les allers et venus de mes collègues m'exaspèrent, ils ne peuvent pas rester sans bouger à leur bureau ? pourquoi toujours passer dans ce putain de couloir ? je leur en veux à mort, je vais bientôt craquer, je me retiens, je me maîtrise.
Les commerciaux n'arrêtent pas de venir me voir pour me poser des questions, c'est normal je suis le directeur commercial, mais aujourd'hui c'est pas possible, qu'ils se démerdent, ils m'insupportent, encore un qui vient et je craque, je sent le feu en moi qui brûle, comme une bombe prêt à exploser, j'enrage, j'ai la rage, la haine, le cœur qui bat fort, j'ai envie d'agresser, d'insulter, de casser, de détruire. Je me retiens, je me maîtrise comme je peux.
La journée n'en finit pas, a midi j'ai pas faim, je laisse la moitié de l'assiette, je ne veux parler à personne, je ne peux pas parler, je pars marcher dans la cour pour me calmer, je cherche une endroit isolé pour m'apaiser, je veux fuir, m'enfuir loin de tous, trop de présence, trop de mouvement, de bruit, de parole, je ne supporte plus, je n'en peux plus, je veux que tout s'arrête, bientôt je ne vais plus me maîtriser, bientôt je vais craquer, exploser. Il ne faut pas, je ne dois pas craquer. L'informaticien me dis qu'aujourd'hui quelque chose ne va pas, donc ça se voit, malgré mes efforts, les autres voient bien que je ne vais pas bien.
17h je n'en plus, ce n'est plus possible, j’éteins l'ordinateur et je quitte le bureau. Je vais ou ? à la maison ? je ne peux pas rentrer dans cette état, impossible.
En conduisant je me sent mal, je suis perdu, égaré, une immense dépression m'envahie, les larmes me montent aux yeux, je vais pleurer, je me maîtrise, je me retiens comme je peux.
Sur la route un bar, je m'arrête, vite une bière, je descend la biere le plus vite possible, j'attend 5 mn seul sur cette terrasse que l'alcool monte au cerveau. Je sent un peu les effets, ma femme m'indique par sms qu'elle rentre à la maison, je lui répond que j'arrive aussi. Je rentre.
Dans la voiture je me sent un peu mieux, la tempête s'apaise. A la maison tout est fini, tant mieux le soir on doit aller au resto avec un couple d'amis. Tout se passera bien ce soir là, mais avec un bon apéro et une bouteille de vin pendant le repas.